LSA : tout ce qu'il faut savoir

Max Sargent

Journaliste spécialiste du cannabis et expert en psychédéliques

Max Sargent

Mis à jour le: 11 juin 2025

L’amide d’acide lysergique (LSA) est un composé psychédélique naturel présent dans plusieurs plantes. Bien que moins connu que le LSD, certaines cultures et traditions utilisent le LSA depuis bien longtemps.

Ses effets uniques et son importance traditionnelle en font une alternative intéressante aux psychédéliques plus connus. Dans cet article, nous explorerons l’histoire, les effets, l’innocuité et le statut juridique du LSA afin de vous aider à mieux comprendre les tenants et aboutissants de ce composé fascinant.

Qu’est-ce que le LSA (amide de l’acide lysergique) ?

Avec une structure similaire au LSD, le LSA appartient à une famille de composés appelés ergolines qui interagissent avec l’organisme et influencent l’humeur, la perception et la cognition.

Plusieurs plantes contiennent naturellement du LSA :

• Ipomée ou Morning Glory (Ipomoea tricolor)
• Hawaiian baby woodrose (Argyreia nervosa)
• Rivea corymbosa (également connue sous le nom d’Ololiuqui)

On utilise non seulement ces plantes pour leurs propriétés psychotropes, mais également dans les pratiques traditionnelles indigènes. Lorsqu’il est consommé, le LSA se lie principalement aux récepteurs 5-HT2A dans le cerveau comme d’autres psychédéliques classiques. Cela entraîne des changements dans la perception, les schémas de pensée et les états émotionnels.

Histoire et utilisation traditionnelle du LSA

Les graines avec du LSA ont une longue histoire d’utilisation traditionnelle chez les peuples autochtones d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud. Les Aztèques et les Zapotèques utilisaient les graines de Rivea corymbosa dans des cérémonies religieuses et spirituelles et les appelaient « Ololiuqui », ce qui signifie « chose ronde » en langue nahuatl.

Les graines étaient souvent moulues en poudre et consommées lors de rituels pour induire des états visionnaires, obtenir une vision divine, répondre à des préoccupations communautaires ou guider des pratiques de guérison. Les missionnaires espagnols ont documenté l’utilisation cérémonielle de ces graines au XVIe siècle et décrivaient souvent des expériences visionnaires profondes et notaient leur utilisation répandue parmi différents groupes autochtones.

Les premières recherches occidentales sur les effets du LSA ont commencé au XXe siècle lorsque des scientifiques ont isolé les composés actifs et étudié leurs applications potentielles en psychiatrie et en psychopharmacologie. Des chercheurs tels qu’Albert Hofmann, qui a découvert le LSD, ont étudié les effets du LSA et ont noté ses similitudes et ses différences avec d’autres psychédéliques.

Comment fonctionne le LSA : mécanisme d’action

Comme mentionné brièvement, le LSA agit principalement comme un agoniste partiel des récepteurs de la sérotonine (5-HT2A), tout comme le LSD et la psilocybine. Cette interaction modifie la transmission normale de la sérotonine, ce qui entraîne des hallucinations, des changements dans les schémas de pensée et une altération de la perception sensorielle. La sérotonine joue un rôle crucial dans la régulation de l’humeur, de la cognition et de la perception. L’influence de ce système permet au LSA de provoquer de profonds changements dans la conscience.

Effets principaux et secondaires du LSA

La consommation de LSA peut entraîner un large éventail d’effets, tant positifs que négatifs. Les expériences varient en fonction de l’individu, de la dose et du contexte. Bien entendu, la préparation, l’état d’esprit et l’environnement influencent également de manière significative le résultat global de l’expérience.

Avantages potentiels

On décrit souvent les effets du LSA comme oniriques et introspectifs. Voici quelques-uns des bienfaits rapportés :

• Appréciation accrue de la musique, de la nature et de l’art
• Profondeurs personnelles et spirituelles
• Perception altérée du temps et de l’espace
• Euphorie et libération émotionnelle
• Catharsis émotionnelle profonde et compréhension de soi
• Potentiel pour se libérer de schémas de pensée bien ancrés

Contrairement au LSD, les trips sous LSA sont généralement plus lents et moins énergiques, ce qui rend l’expérience plus douce et plus ancrée dans la réalité.

De nombreux consommateurs rapportent que les expériences sous LSA sont moins visuelles et plus axées sur les émotions et le dialogue interne.

Même si des hallucinations visuelles peuvent se produire, elles ont tendance à être moins colorées et moins élaborées que celles provoquées par le LSD. Il y a en effet davantage de distorsions subtiles de l’espace et des objets, ainsi qu’une atmosphère onirique, presque mythique.

Risques potentiels et effets secondaires

Malgré ses potentiels bienfaits, le LSA n’est pas sans risques. Les effets secondaires courants comprennent :

• Nausées et vomissements, en particulier lorsqu’on ingère les graines
• Crampes musculaires et inconfort physique
• Confusion et anxiété
• Vasoconstriction (rétrécissement des vaisseaux sanguins), ce qui entraîne un engourdissement ou des picotements dans les extrémités
• Difficultés à bouger ou sensations de lourdeur corporelle
• Maux de tête et troubles digestifs

Dans certains cas, le LSA peut exacerber des troubles mentaux sous-jacents tels que l’anxiété ou la psychose. Une réflexion approfondie et une bonne préparation sont essentielles pour réduire le risque d’expériences négatives.

Les consommateurs rapportent parfois se sentir « coincés » ou incapables de bouger au plus fort du trip, ce qui peut être déstabilisant et effrayant sans une préparation mentale adéquate. La présence d’un accompagnateur sobre (trip-sitter) peut être utile pour garantir la sécurité.

Guide de dosage

Le dosage du LSA est délicat, car la puissance des graines peut varier considérablement. Voici toutefois quelques recommandations générales :

• Dose légère : 3–5 graines de Hawaiian baby woodrose ou 50–100 graines de Morning Glory
• Dose modérée : 5–8 graines de Hawaiian baby woodrose ou 100–200 graines de Morning Glory
• Dose forte : 8–12+ graines de Hawaiian baby woodrose ou 200–400 graines de Morning Glory

Il est recommandé de commencer par une faible dose et d’augmenter progressivement au fil du temps afin de capter où se situe votre sensibilité personnelle. Certains membres de la communauté trouvent que la consommation d’extrait de LSA au lieu des graines peut réduire les nausées.

Différentes méthodes de préparation peuvent avoir un impact significatif sur l’expérience. Certains consommateurs procèdent à une extraction à l’eau froide afin d’isoler les composés psychotropes et éliminer une grande partie de la matière végétale responsable des nausées. Cette méthode consiste à faire tremper les graines broyées dans de l’eau froide pendant plusieurs heures, puis à boire le liquide obtenu.

LSA vs LSD : différences clés

Malgré les similitudes structurelles entre le LSA et le LSD, les deux substances produisent des effets subjectifs différents. Le LSA a tendance à provoquer des effets plus introspectifs et soporifiques, accompagnés d’une lourdeur physique prononcée, contrairement à la nature énergique et dynamique d’un trip sous LSD.

De nombreux consommateurs de LSA rapportent un sentiment plus fort de connexion avec leurs pensées et leurs émotions internes, ce qui le rend plus adapté à l’introspection qu’à une participation sociale active. Les propriétés vasoconstrictrices du LSA le distinguent également du LSD et engendrent parfois des sensations physiques désagréables telles que des tensions musculaires ou des extrémités froides. Les consommateurs potentiels doivent garder cela à l’esprit avant de consommer du LSA.

Voici en quoi les deux composés psychédéliques diffèrent :

• Structure chimique : le LSA et le LSD sont tous deux des alcaloïdes ergoliniques, mais leur structure moléculaire diffère légèrement, ce qui contribue à leurs effets uniques et distincts.
• Effets : le LSD a tendance à produire des visuels vifs et colorés, de l’énergie et de l’euphorie, tandis que le LSA est plus soporifique, émotionnel et interne.
• Puissance et durée : le LSD est beaucoup plus puissant avec des doses actives qui commencent autour de 100 microgrammes. Pour faire un trip avec du LSA, il faudrait consommer plusieurs graines, et l’expérience serait probablement beaucoup plus douce. Les trips sous LSD durent entre 8–12 h, tandis que les trips sous LSA durent généralement entre 6 –10 h, même si cela peut varier en fonction de la dose et de la sensibilité individuelle.
• Sécurité : les deux composés ont une faible toxicité, mais les effets vasoconstricteurs et les réactions physiques prononcées du LSA peuvent causer plus d’inconfort.

Il existe de nombreuses idées reçues comme quoi la consommation de graines de LSA, quelle qu’en soit la quantité, produit une expérience « pure », similaire à celle du LSD. En réalité, le LSA peut entraîner un état mental plus brumeux et somnolent qui rend la réflexion complexe et les interactions sociales plus difficiles.

Statut juridique du LSA

Le statut juridique du LSA est complexe et varie selon les pays. Dans de nombreux endroits, les graines avec du LSA (telles que celles du Morning glory et de l’Hippophae rhamnoides) peuvent être achetées et possédées légalement. Cependant, l’extraction du LSA ou sa consommation pour ses effets psychotropes peuvent être illégales.

Voici le statut juridique du LSA dans plusieurs régions du monde :

• États-Unis : les graines sont légales, mais leur extraction ou leur préparation pour la consommation humaine peut faire l’objet de poursuites judiciaires.
• Royaume-Uni : la possession de graines est généralement légale, mais leur préparation ou leur consommation pour leurs effets psychotropes peut relever du Psychoactive Substances Act.
• Australie : le Morning glory et la Hawaiian baby woodrose sont contrôlées dans certains États.
• Europe : varie selon les pays. Dans certains endroits, la vente de graines est légale à condition qu’il n’y ait aucune mention explicite de leur usage psychotrope.

Certaines boutiques en ligne étiquettent les graines comme « non destinées à la consommation humaine » afin de se conformer à la réglementation, même si les acheteurs sont conscients de leurs utilisations potentielles.

Il est essentiel de rester informé des lois relatives à la possession et à l’utilisation de substances psychotropes dans votre région, car les conséquences juridiques peuvent être graves, même pour des composés d’origine végétale.

LSA : l’expérience en vaut-elle la peine ?

Le LSA prodigue une expérience psychédélique complexe et souvent imprévisible. Si certaines personnes apprécient ses qualités introspectives et ses origines naturelles, d’autres trouvent ses effets secondaires physiques trop désagréables.

Si vous envisagez d’essayer le LSA, il est important de :

• Commencer par une faible dose
• Être conscient des risques de nausées et de malaises physiques
• Choisir un environnement sûr et confortable
• Avoir un ami sobre et de confiance à proximité si possible
• Vous renseigner sur les risques juridiques dans votre région

Pour ceux qui recherchent une introspection profonde, un lien avec des traditions anciennes ou qui souhaitent expérimenter un nouveau psychédélique, le LSA peut vous donner un trip intéressant. Cependant, pour ceux qui espèrent un high récréatif et énergique similaire au LSD, le LSA risque de ne pas répondre à leurs attentes. Une utilisation responsable, une bonne préparation et une compréhension claire de ce à quoi s’attendre peuvent grandement influencer l’expérience globale.