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Qu’Est-Ce Que La Réalité Consensuelle ?
10 min

Qu’Est-Ce Que La Réalité Consensuelle ?

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Bien que la réalité semble facilement accessible, c’est le consensus qui nous permet le mieux de la définir. Comprendre ce que les gens veulent dire lorsqu’ils utilisent le terme « réalité » peut apporter de nombreuses réponses. Découvrez ce que c’est et comment les drogues pourraient influencer notre perception de ce qui est vraiment « réel ».

La réalité est un territoire bien mystérieux. Nous y vivons tous, mais nous n’avons aucune idée de ce qu’elle est vraiment. Lorsque nous prenons des drogues, nous pouvons sérieusement bousculer les conceptions de la réalité qui nous sont chères et soulever bien plus de questions que de réponses.

L’expression « réalité consensuelle » est utilisée pour désigner l’expérience qui fait l’objet d’un consensus et que la plupart des êtres humains semblent partager lorsque l’on n’est sous l’influence d’aucune substance, en d’autres mots, lorsque l’on est sobre. Mais la partageons-nous vraiment, et dans quelle mesure cette réalité consensuelle est-elle réelle ?

Dans cet article, nous explorons différentes la réalité consensuelle par différentes approches et examinons ce que les drogues pourraient nous apprendre à ce sujet.

Que signifie la réalité consensuelle ?

Que signifie la réalité consensuelle ?

La réalité consensuelle est un terme difficile à rationaliser. D’une manière générale, nous pouvons malgré tout proposer deux définitions potentielles en fonction de la forme de consensus dont nous parlons.

Réalité réaliste

Tout d’abord, le sens originel du terme se rapporte au monde tel qu’il est en lui-même, c’est-à-dire à ce qui existe réellement indépendamment de l’expérience. La plupart des gens supposent qu’il existe un monde au-delà de l’esprit, mais la plupart accepteraient également que chaque esprit fasse l’expérience de ce monde un peu, et parfois très, différemment des autres. De fait, comment décider quelles propriétés du monde existent réellement, et lesquelles sont subjectives et dépendent de l’esprit ?

L’une des façons les plus évidentes d’y parvenir est de parvenir à un consensus. Sur quoi la plupart des gens s’accordent-ils ? Nous sommes d’accord pour dire que l’eau est un liquide parce que tout le monde a l’impression que l’eau a les propriétés d’un liquide, et qu’il est scientifiquement possible de vérifier qu’il s’agit bien d’un liquide. En revanche, nous ne sommes pas d’accord sur le fait que le bois est un liquide, car la plupart des gens considèrent qu’il a les propriétés d’un élément solide.

Nous pourrions modifier notre utilisation du langage pour que liquide signifie solide et vice versa, mais nous ne pensons pas que cela changerait la nature de la réalité (Miller, 2021). Nous continuerions à considérer que l’eau et le bois ont les mêmes propriétés que celles qu’ils ont toujours eues.

En parvenant à un consensus, nous pouvons faire des déductions sur la véritable nature de la réalité indépendante de l’esprit.

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Réalité sociale

Plus récemment, une approche sociologique de la réalité consensuelle a été proposée. Cette approche postule qu’il existe des réalités sociales convenues dans lesquelles nous existons et que, grâce au consensus, nous parvenons à des « vérités » largement admises.

Un exemple pourrait être la comparaison entre la religion et la science. Il y a quelques centaines d’années, en Europe, il était généralement admis que le Dieu chrétien avait créé l’univers et qu’un code moral fondé sur ce Dieu était une vérité universelle. De nos jours, les gens ont tendance à avoir une vision plus scientifique du monde, et beaucoup rejettent une vision théiste.

On peut considérer qu’il s’agit là de réalités sociales formées par consensus ou accord général. Dans ces cas, nous pouvons supposer qu’aucune propriété du monde tel qu’il est en soi ne change lorsque la société modifie sa vision du monde. Néanmoins, la réalité concrète dans laquelle vivent les êtres humains peut radicalement changer.

Ainsi, en ce qui concerne la société, la réalité consensuelle fait référence aux normes, idéologies, systèmes de croyances et comportements reconnus (Elder-Vass, 2013). Ceux-ci peuvent changer et ne se rapportent pas nécessairement à une seule et unique réalité. En fait, des réalités socialement construites peuvent coexister à travers le monde et même au sein des nations, des villes et des petits groupes sociaux.

Prenons l’exemple de deux partis politiques opposés. Au sein de chacun de ces groupes, il y aura un consensus sur la meilleure façon de gérer un pays, sur les lois à mettre en place, sur la notion d’équité, etc. Aucune de ces réalités n’est plus ou moins « vraie » que l’autre.

Qu’est-ce que la subjectivité ?

Qu’est-ce que la subjectivité ?

On pense souvent que la réalité fait référence à quelque chose d’objectif, c’est-à-dire à quelque chose qui est vrai en soi et qui ne dépend pas d’une certaine perception. À l’inverse, la subjectivité désigne quelque chose qui dépend de l’esprit qui en fait l’expérience, ou plutôt, d’un esprit qui fait l’expérience de quelque chose.

Par exemple, l’idée que l’eau est un liquide fait l’objet d’un consensus général et est considérée comme une propriété objective du monde. Le fait que l’eau soit une boisson délicieuse, en revanche, serait subjectif. Comme il n’y a pas de consensus universel (ou quasi universel) sur le fait que l’eau est délicieuse, on ne considère pas que le facteur saveur est une propriété qui appartient à l’eau, mais plutôt une expérience que l’on fait en en buvant.

À l’inverse, on peut faire l’expérience que l’eau est liquide, mais on suppose généralement que la nature liquide de l’eau appartient à l’eau elle-même, et non à l’expérience.

La réalité consensuelle est-elle la réalité objective ?

La réalité consensuelle est-elle la réalité objective ?

Tout cela nous amène à nous poser la question suivante : la réalité consensuelle (définie au sens réaliste) est-elle le monde tel qu’il est objectivement ?

Malheureusement, aucun consensus n’existe à ce sujet !

D’une manière générale, en faisant abstraction pour l’instant de l’approche sociologique, il y a deux façons principales d’aborder la réalité consensuelle.

L’approche matérialiste

Les matérialistes (au sens philosophique et non celui de l’accumulation de biens matériels) croient que le monde est réel et qu’il existe. Bien qu’ils puissent penser que l’esprit affecte la façon dont nous percevons le monde, ils supposent généralement que le monde physique tel que nous le vivons est une représentation proche de la vraie réalité. Cela devient encore plus vrai lorsque nous considérons des preuves telles que les mesures scientifiques et les mathématiques.

En d’autres termes, les matérialistes pensent que la réalité consensuelle est la réalité objective, soit qu’elle représente le monde physiquement palpable. Un matérialiste croira que la réalité objective pourrait être déterminée par un consensus scientifique, même s’il ne croit pas qu’elle soit actuellement connue.

L’approche idéaliste

Les idéalistes, quant à eux, considèrent que le monde est un produit de l’esprit. Certains idéalistes diront qu’il existe une réalité extérieure et objective, mais que nous ne pouvons pas la connaître et que d’autres pourraient même le nier. Ces idéalistes soutiennent que l’univers (celui que l’on connaît) est un phénomène purement mental (Mellor, 2012). Pour les besoins de cet article, nous supposerons qu’il existe un monde extérieur.

L’approche idéaliste affirme que nous ne pouvons pas connaître le monde tel qu’il est en soi. Tout ce que nous pouvons connaître et qui peut faire l’objet d’un consensus, ce sont les expériences que nous en avons. Pour l’idéaliste, il est probable que chaque individu fasse l’expérience de sa propre réalité. Bien que cette réalité puisse être similaire à celle des autres, elle sera aussi profondément différente à certains égards.

Reprenons l’exemple de l’eau. Certaines personnes aiment l’eau, d’autres la détestent. Dans ces circonstances, comment pouvons-nous supposer que l’eau est « vraiment » comme ça ? Même si nous pouvons être d’accord sur le fait que l’eau est liquide, nous ne pouvons pas être d’accord sur toutes ses caractéristiques. Par conséquent, comment pouvons-nous affirmer que lorsque les gens parlent de l’eau, ils parlent de la même chose, alors que les individus en ont des conceptions différentes ?

Cet exemple semble assez simplet, mais cette approche a des conséquences potentiellement profondes sur notre compréhension de la réalité.

Cela signifie que même s’il existe une réalité extérieure et objective, elle nous est intrinsèquement inconnaissable. Comme chacun d’entre nous a sa propre réalité, comment pouvons-nous vraiment spéculer sur ce à quoi une réalité objective pourrait ressembler ? Il n’est même pas possible de concevoir que le monde ne soit pas expérimenté, puisqu’il a toujours des couleurs, des sons et toutes les autres propriétés d’un monde expérimenté. Les idéalistes diraient donc que chaque personne vit dans sa propre réalité individuelle, même si celle-ci est en quelque sorte formée par une réalité extérieure.

Les deux peuvent-elles coexister ?

Dans une certaine mesure, il est possible d’avoir les deux points de vue sur la réalité : c’est probablement le cas pour la plupart des gens. Nous pouvons partir du principe que nous pouvons spéculer sur la véritable nature de la réalité et que nous pouvons l’explorer à l’aide des mathématiques et de la méthode scientifique, tout en reconnaissant que chacun d’entre nous a une expérience subjective et individuelle de cette réalité.

La principale différence réside dans le fait de savoir si une personne croit que nous pouvons vraiment connaître une réalité extérieure.

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Quelles sont les implications sociales ?

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Sur le plan social, les concepts de réalité consensuelle ont de grandes implications. Dans la pratique, cela se traduit par des droits et une morale.

Tuer, c’est mal. L’inégalité, ce n’est pas chouette. Les gens devraient pouvoir aimer qui ils veulent.

Pour de nombreuses personnes, il s’agit de croyances fermes qui forment leur conception globale de la manière dont la société devrait être structurée. De plus, les gens supposent qu’il s’agit de vérités absolues, et non de simples croyances subjectives. Mais est-ce vrai ? Ne s’agit-il pas simplement d’un consensus susceptible d’évoluer ?

Il y a 100 ans, on pensait que l’inégalité était un concept tout à fait viable. Les gens d’alors avaient-ils objectivement tort ou vivaient-ils simplement dans une réalité consensuelle différente ? Et qu’en est-il des personnes qui pensent le contraire aujourd’hui : ont-elles objectivement tort ?

Répondre à ces questions est incroyablement difficile, et bien trop vaste pour cet article. Toutefois, il convient de souligner la puissance du consensus social. Il peut provoquer des révolutions, changer des générations entières et, en fin de compte, changer le monde. Mais pour la plupart d’entre nous, sur quoi ces croyances sont-elles fondées en dehors du consensus ? Un consensus sur les croyances a-t-il une quelconque valeur puisqu’il peut facilement changer du tout au tout ?

Que peuvent nous apprendre les drogues sur la nature de la réalité ?

Que peuvent nous apprendre les drogues sur la nature de la réalité ?

Ce n’est un secret pour personne que les drogues psychotropes, en particulier les psychédéliques tels que les champignons magiques, la mescaline, le LSD et le DMT, modifient notre perception de la réalité. Qu’est-ce que cela peut nous apprendre ?

Lorsque nous prenons une drogue, les substances chimiques présentes dans notre cerveau changent et le monde prend une autre forme, une forme parfois complètement méconnaissable. Si la façon dont nous percevons le monde n’est qu’une question de ratios de neurotransmetteurs, qu’est-ce que cela signifie pour la réalité consensuelle du quotidien ? Devons-nous supposer que la réalité dont nous faisons l’expérience lorsque nous sommes sobres est plus vraie que celle dont nous faisons l’expérience lorsque nous sommes sous l’emprise de drogues ? Comment savoir si l’une correspond davantage à une réalité extérieure que l’autre ?

On en revient au débat entre matérialistes et idéalistes. Un matérialiste dirait que les drogues ne modifient pas les qualités de la vraie réalité et affirmerait probablement que le cerveau sobre a évolué de façon à percevoir la réalité de façon assez limpide. En revanche, il alléguerait que les réalités dont nous faisons l’expérience sous l’effet de la drogue sont plus éloignées de la seule vraie réalité que celles dont nous faisons l’expérience en étant sobres.

En revanche, un idéaliste soutiendrait que les deux réalités sont également vraies ou fausses. Comme toutes les expériences que nous faisons sont des réalités subjectives, la vérité de l’expérience réside dans l’expérience elle-même, et non dans la manière dont elle se rapporte à une réalité objective que l’on ne peut pas cerner.

Quelles sont les meilleures drogues pour modifier votre perception de la réalité ?

Toutes les drogues psychotropes modifient notre perception de la réalité d’une manière ou d’une autre. Cependant, certaines sont vénérées spécifiquement pour la perception qu’elles nous donnent de la nature malléable de la réalité. Nombre d’entre elles sont utilisées par diverses cultures depuis des millénaires et sont encore très appréciées aujourd’hui.

Si vous souhaitez vous extirper de la réalité consensuelle, essayez :

La réalité : qu’est-ce qui existe vraiment ?

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La réalité ! Elle est juste sous nos yeux, à portée de nos oreilles et facile à toucher. Pourtant, elle est d’une certaine manière tout bonnement indescriptible !

Qu’est-ce que la réalité ? Comment la définir ? Combien y a-t-il de réalités ? Tout est-il dans notre tête ?

Il s’agit là d’immenses questions dont les réponses sont abyssales, innombrables et ambiguës. S’il n’est pas certain que la réalité consensuelle corresponde à une réalité objective, nous pouvons être certains qu’un consensus sur la nature du monde dans lequel nous vivons a des applications pratiques dans notre quotidien.

Cela dit, il est essentiel de comprendre que les réalités sociales dans lesquelles nous vivons sont des constructions et non des réalités objectives. Savoir cela nous donne le pouvoir de les percevoir pour ce qu’elles sont et de les influencer : toute conception perdure tant qu’elle n’est pas remise en question d’une façon ou d’une autre.

Max Sargent
Max Sargent
Max est pigiste depuis plus de 10 ans et s’est tourné vers le journalisme du cannabis et des produits psychédéliques ces dernières années. Rédacteur pour des entreprises telles que Zamnesia, Royal Queen Seeds, Cannaconnetion, Gorilla Seeds, MushMagic et bien d’autres, il est fort d’une grande expérience dans ce secteur.
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