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Le Cannabis Est-Il Addictif ?
7 min

Le Cannabis Est-Il Addictif ?

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Les activistes anti-drogues voudraient faire croire que le cannabis provoque une addiction destructrice, mais ce n'est pas le cas. Des fumeurs de joints voudraient croire qu'il n'y a aucun risque d'addiction, mais ce n'est pas le cas non plus. Le cannabis n'est pas complètement sans risque, mais il y a différents niveaux d'addiction à considérer.

Depuis l'ère Nixon, il y a eu des gens au pouvoir pour essayer de convaincre le peuple que le cannabis était dangereusement addictif. Ils ont répandu le message que, comme l'héroïne, le crack ou d'autres drogues, il suffisait d'une seule bouffée — après ça, c'est comme si vous aviez vendu votre âme au diable.

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De nos jours, bien entendu, l'opinion générale est devenue bien moins négative et paranoïaque. Mais cela pourrait bien verser dans l'extrême inverse dans certains cas, cependant, car beaucoup pensent désormais que le cannabis n'a absolument aucun potentiel addictif de quelque sorte que ce soit. Ce n'est malheureusement pas le cas, mais cela ne veut en rien dire que Nixon avait raison. Le concept de l'addiction est bien plus complexe que beaucoup de personnes ne l'imaginent et il en existe différents types à prendre en compte pour comprendre pleinement le potentiel addictif du cannabis.

DÉFINIR L'ADDICTION

L'ADDICTION À L'HERBE — DÉFINIR L'ADDICTION

Afin de pouvoir poursuivre cette conversation, il faudrait poser les bases afin de définir l'addiction. Comme pour nous le faisons avec d'autres maladies, il faut également prendre en compte les différentes étapes du développement de l'addiciton.

MODÈLE THÉORIQUE DE L'ADDICTION

Comme les chercheurs Koob et Volkow la décrivent, l'addiction se définit par quatre facteurs différents. Tout d'abord, elle doit être en récidive chronique, ce qui signifie qu'elle revient constamment, même quand elle semble avoir pris fin. De plus, l'addiction et marquée par la recherche et la consommation constantes de la substance, par une incapacité à contrôler le taux de consommation et par les émotions négatives qui surviennent quand il est impossible de se procurer la substance.

Quand tous ces comportements se produisent en même temps, la personne concernée est alors considérée comme dépendante à la substance en question. Même en rétablissement, une personne est toujours considérée comme dépendante si elle a présenté ces comportements par le passé lors de périodes de temps prolongées.

LES TROIS STADES DE L'ADDICTION

L'ADDICTION À L'HERBE — LES TROIS STADES DE L'ADDICTION

Le modèle de Koob and Volkow décrit trois étapes dans l'addiction. Elle commence par une consommation frénétique, suivi d'un manque/affect négatif, puis pour finir d'une préoccupation/anticipation.

La consommation frénétique est caractérisée par plusieurs comportements neurologiques. Tout d'abord, et de manière plus évidente, vous remarquerez une impulsivité excessive concernant la consommation de drogue, avec une compulsion fréquente à en consommer malgré les conséquences négatives. Le second signe est une forte libération de dopamine dans certaines situations — en particulier dans les moments que le cerveau associe avec la consommation de drogue. Le cerveau le fait, tout simplement, pour vous motiver à consommer à nouveau de cette drogue.

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L'étape du manque/affect négatif, déclenchée par des réponses de processus d'opposition qui surviennent avec une consommation frénétique, s'accompagne de différents signes neurologiques. Pour commencer, le système dans votre cerveau est altéré pour élever le seuil pour les renforcements autres que la drogue. Ce qui veut dire, en termes plus simples, qu'il vous est plus difficile d'être motivé pour faire des choses qui ne sont pas associées avec la drogue. Votre capacité à contrôler les émotions est également compromise, en particulier pour les sentiments négatifs. Plus spécifiquement, la phase de manque a tendance entraîner une augmentation du malaise, de la dysphorie, des sensations de maladie et de l'irritabilité chronique.

Quand le manque est passé, la phase de préoccupation/anticipation crée un risque de rechute. Ce risque prend la forme de trois changements neurologiques. Comme auparavant, le cerveau devient plus attiré par tous les signes environnementaux qu'il associe à la drogue. Alors que le cerveau libère plus de dopamine dans ces situations, il en offre aussi moins en face de signes normalement positifs qui ne sont pas en lien avec la drogue. Ensuite, pour lier le tout, le cerveau devient moins capable de stopper les comportements qui pourraient être considérés comme inadaptés.

L'ADDICTION À L'HERBE — PHYSIQUE OU PSYCHOLOGIQUE ?

L'ADDICTION À L'HERBE — PHYSIQUE OU PSYCHOLOGIQUE ?

Maintenant que l'on sait à quoi ressemble l'addiction, on peut se concentrer sur ses différents types. Il faut ainsi faire la distinction entre l’addiction physique et psychologique. L’addiction physique, comme on le sait, implique une recomposition du cerveau pour avoir physiquement besoin de la drogue afin de continuer à fonctionner et à survivre. Sans la drogue, le corps commence à se sentir malade, jusqu'à ce qu'on en consomme plus. Ceci, toutefois, ne se produit qu'avec des drogues qui contiennent des substances addictives, comme l'héroïne, la meth et la nicotine.

L'addiction psychologique est toutefois différente. Au lieu d'un besoin physique de la substance, il y a une forte compulsion mentale vers elle. Votre corps n'en a pas besoin, mais le cerveau essaie de vous convaincre qu'il en a besoin. Ceci peut même être expérimenté au-delà des drogues. Il peut s'agir de la consommation d'un certain type d'aliments, du fait d'aller à la salle de sport, ou même d'aller travailler. Si vous passez toute votre journée à y penser, que vous le faites de manière excessive et que votre compulsion affecte négativement votre vie, il y a des chances pour que vous soyez psychologiquement dépendant. Ce n'est pas aussi nocif qu'une addiction physique, mais c'est tout de même une addiction.

Le cannabis, bien que ne contenant aucune substance addictive, peut faire l'objet d'une addiction psychologique. Elle ne provoquera pas les mêmes problèmes qu'une addiction à l'alcool, à l'héroïne ou à la meth, mais des problèmes pourraient toujours survenir. La motivation pour accomplir d'autres tâches se tarira et la capacité à fonctionner sans la substance réduira. Encore pire, des symptômes de manque physique, comme des troubles gastro-intestinaux et une réduction de l'appétit, peuvent survenir chez les consommateurs chroniques.

COMMENT LE CANNABIS PEUT ENTRAÎNER UNE ADDICTION

COMMENT LE CANNABIS PEUT ENTRAÎNER UNE ADDICTION

Alors, comment se retrouve-t-on à devenir dépendant au cannabis ? La plupart du temps, tout commence par être une activité occasionnelle entre amis. Avec une source de revenus constante et personne pour surveiller vos dépenses, on peut se retrouver à garder du cannabis en permanence à la maison. Avec un accès constant, le cannabis peut devenir un moyen de gérer les émotions négatives ordinaires.

Une fois que le cannabis occupe cette position, les choses deviennent un peu plus graves. On se retrouve probablement à en consommer au quotidien, puis plusieurs fois par jour. On ne consomme plus les mêmes quantités non plus. Comme pour d'autres substances, le corps commence à développer une tolérance et la voie des récompenses dans le cerveau est altéré. Comme on en consomme plus, on commence à en avoir besoin de plus pour ressentir la même satisfaction qu'au début.

Ceci étant dit, beaucoup de personnes qui consomment du cannabis au quotidien mènent des vies ordinaires. Ceux qui ont moins de volonté (et ceux en moins bonne santé) sont toutefois dans une position moins enviable.

DÉPENDANCE AU CANNABIS

DÉPENDANCE AU CANNABIS

Cet état peu agréable, en fait, possède un nom : la dépendance au cannabis. On peut être considéré comme étant dépendant au cannabis si on consomme constamment du cannabis malgré un impact négatif sur sa santé et dans sa vie. On peut se retrouver à en consommer plus qu'on le voudrait, ou bien à ne pas réussir à arrêter. Une personne souffrant d'addiction au cannabis aura aussi du mal à répondre à ses obligations professionnelles ou sociales à cause de la substance et passera le plus clair de son temps à essayer de s'en procurer.

Si cela vous semble familier, c'est que ce sont les mêmes indicateurs recherchés pour toutes les formes d'addiction. Le taux d'addiction parmi les consommateurs de cannabis est bien plus faible que pour les drogues dures, mais il ne faut pas le négliger. Dans quelques cas rares, le cannabis peut avoir un impact négatif sur la vie et la santé quand la consommation est déraisonnable.

ABUS ET DÉPENDANCE AU CANNABIS

ABUS ET DÉPENDANCE AU CANNABIS

Avant d'aller plus loin, il faut aussi faire une distinction entre les différents types de consommateurs de cannabis quotidiens. Ils n'ont pas tous un problème, comme nous allons le voir, mais les problèmes peuvent survenir en cas d'inattention.

CANNABIS : DE LA CONSOMMATION À LA TOLÉRANCE, À LA DÉPENDANCE, AU MANQUE

Comme nous l'avons déjà vu, tout commence par une consommation occasionnelle. Ensuite, si on a accès facilement au cannabis, on peut se retrouver à fumer suffisamment pour développer une tolérance. S'il est impossible de s'en procurer plus, alors la personne s'habitue à la diminution des effets ressentis avec la dose habituelle. S'il peut s'en procurer plus, le consommateur augmentera probablement la dose dans l'espoir de retrouver l'effet auquel il était habitué. Ceci fait bien évidemment faire un bond à la tolérance et une dépendance comme à se former.

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Toutefois, c'est là où les chemins peuvent se séparer. Par exemple, une personne qui fume au quotidien mais qui ne souffre d'aucun inconvénient social, professionnel ou de santé ne serait pas considéré comme ayant une consommation abusive de cannabis. Il pourrait être dépendant, mais si cela n'affecte pas sa vie de manière négative, ce n'est pas considéré comme un problème.

Cependant, cette même personne pourrait, si elle n'y fait pas attention, manquer des événements ou obligations importantes parce qu'elle voulait fumer. Elle pourrait autrement développer des problèmes de santé dus au fait de fumer. Si ce type de problème commence à se produire, et que la personne n'arrive pas à arrêter de fumer, elle est alors considérée comme ayant une consommation abusive de cannabis.

Le manque serait ressenti dans les deux cas, soit avec une consommation quotidienne sûre ou dangereuse. Mais pour la personne dont la consommation est abusive, le manque serait beaucoup plus négatif. Et encore, ce ne serait toujours rien en comparaison du manque d'héroïne ou de meth.

L'ADDICTION À L'HERBE — LE MOT DE LA FIN

L'ADDICTION À L'HERBE — LE MOT DE LA FIN

Pour répondre à la question posée dans le titre : oui, le cannabis peut être addictif. Ceci étant dit, l'addiction au cannabis est notablement plus rare, et bien moins grave, que les addictions à des substances plus dures comme l'héroïne ou la meth, ou même la nicotine et l'alcool.

Si vous êtes capable de garder en ordre vos priorités sociales et professionnelles, tout en restant en bonne santé, il n'y a aucune raison de ne pas savourer un peu de verdure. En revanche, si vous savez que vous avez une personnalité additive, ou que vous manquez de volonté face aux substances, vous pourriez vouloir y réfléchir à deux fois. Comme vous le diraient tous les employés de coffeeshop ou toutes les publicités pour le cannabis : à consommer avec modération.

Steven Voser
Steven Voser
Steven Voser est un journaliste indépendant spécialisé dans le cannabis. Il a plus de six ans d’expérience dans la rédaction d’articles sur tout ce qui touche au cannabis?: comment la cultiver, comment en profiter au mieux, l’essor de l'industrie et le climat juridique en zone grise qui l’entoure.
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