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Uruguay : Le Paradis Du Cannabis S’est Transformé En Chaos
5 min

Uruguay : Le Paradis Du Cannabis S’est Transformé En Chaos

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L’Uruguay fut le premier pays au monde à « entièrement » légaliser le cannabis, promettant de prendre l’argent et le pouvoir aux mains des criminels. Mais cinq ans plus tard, l’Uruguay a mis en place un système qui promeut réellement le commerce illicite des drogues au lieu de l’affaiblir.

Bienvenue dans les Éditoriaux de Zamnesia, où notre auteur, Steven, partage son opinion sur tout ce qui tourne autour de l’industrie du cannabis, du CBD et des smartshop. Rappelez-vous que toutes les opinions exprimées dans ces articles sont celles de l’auteur et ne correspondent pas nécessairement aux opinions de Zamnesia en tant qu’entreprise. Pour partager vos opinions avec notre auteur et notre équipe, n’hésitez pas à nous laisser un commentaire.

En 2013, l’Uruguay est devenu le premier pays à légaliser entièrement le cannabis. Dirigé par le président de l’époque, José « Pepe » Mujica, le gouvernement uruguayen a promis de réglementer le marché de la production et de la commercialisation du cannabis à des fins récréatives. Aujourd’hui, plus de cinq ans plus tard, le marché uruguayen du cannabis tient-il vraiment les promesses du gouvernement ?

LA PLUS GRANDE RÉUSSITE DE L’URUGUAY : PLUS D’ARRESTATIONS POUR POSSESSION ET CULTURE DOMESTIQUE

Plus D’arrestations Pour Possession Et Culture Domestique Du Cannabis De L’uruguay

Avant d’être trop critique, je voudrais féliciter le gouvernement uruguayen pour une chose : mettre fin à la criminalisation de la culture et de la consommation du cannabis. De l’autre côté du fleuve, en Argentine, les forces de police combattent toujours ardemment contre le trafic de drogues illicites en enfermant des personnes pour possession de quelques grammes d’herbe ou de quelques plants.

Bien que l’Uruguay n’ait jamais criminalisé la possession personnelle de drogues, le gouvernement avait auparavant adopté une position ferme contre la culture. Un cas célèbre qui a alimenté les changements législatifs en Uruguay est celui d’Alicia Castilla, une écrivaine de 66 ans qui a été jetée en prison pour avoir cultivé 29 plants.

Aujourd’hui, les Uruguayens peuvent cultiver légalement jusqu’à six plantes et consommer du cannabis n’importe où. Et pour quelqu’un qui vit de l’autre côté du fleuve où les consommateurs sont encore traités comme des narcos, cela signifie beaucoup. Je félicite donc l’Uruguay pour ça.

LE NÉGATIF : À PEU PRÈS TOUT LE RESTE

Le Négatif : À Peu Près Tout Le Reste

À part l’avantage évident de ne pas aller en prison pour avoir planté ou consommé du cannabis, le système uruguayen de légalisation du cannabis est truffé de toutes sortes de problèmes. Pour comprendre pourquoi, il faut d’abord comprendre qu’il existe trois façons de se procurer légalement du cannabis en Uruguay :

  • Le cultiver : dans ce cas, vous pouvez légalement posséder jusqu’à six plants et jusqu’à 480 g de fleurs de cannabis séchées.
  • Adhérer à un cannabis club enregistré : ces clubs peuvent avoir un maximum de 45 membres, à qui ils peuvent vendre jusqu’à 480 g de cannabis par an.
  • L’acheter à la pharmacie : ici, vous pouvez acheter jusqu’à 40g par mois.

Ces trois activités ne sont ouvertes qu’aux résidents uruguayens. Les touristes n’ont aucun moyen d’accéder légalement au cannabis, si ce n’est de le recevoir en cadeau de la part de quelqu’un. Cela nous amène déjà au premier problème du système uruguayen de réglementation du cannabis :

IL EXISTE UN ÉNORME MARCHÉ NOIR POUR LES TOURISTES

Il Existe Un Énorme Cannabis Marché Noir Pour Les Touristes

De nombreux touristes visitant l’Uruguay sont impatients de fumer. Et partout où il y a une demande, vous pouvez être sûr qu’il y a une offre. Que ce soit au centre-ville de Montevideo ou le long des plages de Punta del Este, de nombreuses personnes vendent illégalement du cannabis aux touristes dans la rue. Certains growshops et headshops approvisionnent également les touristes, vendant du cannabis pour environ 15 dollars américain le gramme.

Lorsque l’Uruguay a annoncé ses plans de légalisation, il a clairement indiqué qu’il le faisait pour lutter contre le trafic de drogues illicites et pour soustraire l’argent et le pouvoir aux mains des criminels. Et tout ça a l’air bien en théorie. Toutefois, le système mis en place par l’Uruguay pour lutter contre le trafic de drogues illicites a en fait créé un marché noir florissant qui cible spécifiquement les touristes.

IL N’EXISTE AUCUN CONTRÔLE SUR LES PRODUITS MÉDICINAUX

Les Produits Médicinaux du marché uruguayen du cannabis

C’est encore un autre défaut majeur du marché uruguayen du cannabis.

En novembre, l’Observador a annoncé qu’il y aurait une nouvelle huile de cannabis disponible dans les pharmacies uruguayennes dans quelques mois. L’huile sera élaborée par ICC Labs, une entreprise canadienne opérant en Uruguay.

Mais jusqu’à ce que cette huile arrive dans les rayons, l’Uruguay est confronté à un grave problème d’offre et de demande de produits médicinaux à base de cannabis. Selon le Ministerio de Salud Publica, il n’y a qu’un seul autre produit médicinal à base de cannabis actuellement disponible en pharmacie. Et cette huile se vend environ 70 dollars américain.

Pendant ce temps, les headshops et les growshops à travers le pays vendent toutes sortes de produits artisanaux « médicinaux » de cannabis, y compris des teintures, des crèmes, et des baumes. Ces produits sont loin d’être réglementés, et les gens qui les vendent et qui informent sur leur utilisation ne sont certainement pas des médecins. Ils se vendent aussi beaucoup moins cher que l’huile actuellement disponible dans les pharmacies.

Si l’Uruguay veut vraiment montrer l’exemple en matière de réglementation du cannabis, elle doit prendre position contre la vente de ces produits non réglementés. En même temps, elle doit mettre en place un système fiable de réglementation des produits à base de cannabis destinés à un usage médical. Ce système doit permettre aux patients uruguayens d’avoir accès à des produits qui sont étroitement réglementés et non pas vendus à côté de feuilles à rouler et de bangs dans un headshop.

IL EXISTE MOINS DE 20 PHARMACIES AUTORISÉES À VENDRE DU CANNABIS EN URUGUAY

Moins De 20 Pharmacies Autorisées À Vendre Du Cannabis En Uruguay

Les Uruguayens qui cherchent à acheter du cannabis dans une pharmacie pourraient être confrontés à un problème majeur : trouver une pharmacie près de chez eux avec une licence pour distribuer du cannabis. À l’heure actuelle, l’Institut uruguayen de réglementation et de contrôle du cannabis n’a autorisé que 17 pharmacies à travers le pays. Sept de ces pharmacies sont dans la capitale.

Il y a neuf départements (régions) en Uruguay qui ne sont pas desservis par une seule pharmacie. Les Uruguayens de ces régions sont essentiellement laissés de côté à cultiver leur propre cannabis ou à acheter dans un club s’ils ont la chance d’en avoir un à proximité. Cela nous amène à notre prochain problème :

SEULEMENT 11 DÉPARTEMENTS ONT DES CANNABIS CLUB SOUS LICENCE

L’Uruguay compte actuellement 114 cannabis clubs légaux. Et même si cela peut sembler beaucoup, il y a encore huit départements qui n’ont pas un seul club enregistré. Certains de ces départements, comme celui du Durazno, de Soriano et de Florida, n’ont pas non plus de pharmacies agréées, ce qui nous amène à notre prochain (et dernier) problème majeur du système de régulation du cannabis uruguayen...

IL EXISTE TOUJOURS UN MARCHÉ NOIR POUR LE CANNABIS EN URUGUAY, ET PAS SEULEMENT POUR LES TOURISTES.

Marché Noir Pour Le Cannabis En Uruguay Pas Seulement Pour Touristes.

Pour que les systèmes légaux de cannabis fonctionnent, ils doivent répondre aux exigences de leurs clients. Si ce n’est pas le cas, quelqu’un viendra répondre à ces besoins illégalement. C’est exactement ce qui s’est passé en Uruguay. Bien que le gouvernement uruguayen aime à penser qu’il est un chef de file dans la réglementation du cannabis, il a encore beaucoup de chemin à parcourir.

Si l’Uruguay veut vraiment éliminer le marché illicite du cannabis, il doit :

  • S’attaquer au marché noir ciblant les touristes
  • Réglementer le marché des produits médicinaux
  • Rendre le cannabis accessible dans les clubs et les pharmacies partout dans le pays

D’ici là, l’Uruguay, comme beaucoup d’autres pays d’Amérique latine, abritera un marché noir de la drogue actif et potentiellement violent.

Steven Voser
Steven Voser
Steven Voser est un journaliste indépendant spécialisé dans le cannabis. Il a plus de six ans d’expérience dans la rédaction d’articles sur tout ce qui touche au cannabis?: comment la cultiver, comment en profiter au mieux, l’essor de l'industrie et le climat juridique en zone grise qui l’entoure.
Références
  • (n.d.). Uruguay, the first country where you can smoke marijuana wherever you like | Cannabis | The Guardian - https://www.theguardian.com
  • (n.d.). Nuevo aceite de cannabis medicinal estará en las farmacias en tres meses a menos de US$ 30 - https://www.elobservador.com.uy
  • (n.d.). Ministerio de Salud Pública habilitó venta de cannabis medicinal a empresa que cumplió con requisitos | Ministerio de Salud Pública - https://www.gub.uy
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