Qu’est-ce que le cannabis ruderalis ?

Adam Parsons

Journaliste Spécialiste Du Cannabis Et Auteur Chez Zamnesia

Adam Parsons

Mis à jour le: 12 octobre 2020

Solide, rapide et génétiquement unique, le cannabis ruderalis n’est pas cultivé pour être fumé, mais il se cache peut-être derrière votre variété autoflorissante préférée. Alors, qu’est-ce que le ruderalis ? En bref, c’est une sous-espèce sauvage de cannabis, capable de survivre dans des climats extrêmes et de fleurir selon son âge, et non en fonction du cycle lumineux.

Quant à ses effets, les utilisateurs rapportent peu ou pas de sensation planante, bien que certains ressentent une légère détente grâce à sa teneur naturellement plus élevée en CBD. Sa faible puissance fait qu’il n’est jamais consommé seul, mais ses gènes sont d’une valeur inestimable en sélection moderne. Dans ce guide, nous explorerons les origines, les caractéristiques de culture et le rôle unique du ruderalis dans l’évolution des variétés autoflorissantes d’aujourd’hui.

Origine du cannabis ruderalis

Le cannabis ruderalis trouve ses origines dans les paysages rudes de la Russie et de l’Asie centrale, où il s’est adapté aux étés courts et aux climats extrêmes. Ce n’est qu’au début du XXᵉ siècle que les botanistes ont commencé à le reconnaître comme distinct des variétés indica et sativa plus connues.

En 1942, le botaniste russe D.E. Janischewski décrivit une population de cannabis sauvage poussant près de la Volga, en Sibérie. Ces plantes étaient bien différentes : beaucoup plus petites, avec des feuilles de forme particulière et un cycle de floraison rapide basé sur le temps. En raison de ces caractéristiques, Janischewski les classa comme espèce à part entière, sous le nom de « cannabis ruderalis », du latin rudus, signifiant gravats, un clin d’œil à sa capacité à prospérer dans des sols pauvres et perturbés.

Aujourd’hui, le ruderalis est considéré comme une branche sauvage et résiliente de la famille du cannabis. Bien qu’il contienne peu de THC, sa robustesse et son cycle de floraison atypique en font un atout essentiel pour l’hybridation moderne.

Caractéristiques de culture du ruderalis

Le ruderalis est une variété compacte et résistante, visuellement très différente de ses cousins indica et sativa. Il atteint généralement entre 30 et 70 cm de hauteur, avec une tige centrale solide et peu de ramifications, lui donnant un aspect de « mauvaise herbe sauvage ». Ses feuilles sont également distinctives : au lieu des larges feuilles indica ou des fines feuilles sativa, celles du ruderalis présentent souvent trois « doigts » coniques.

Mais ce qui le distingue surtout, c’est son cycle de floraison unique. Contrairement aux variétés photopériodiques, qui dépendent de la lumière, le ruderalis commence à fleurir en fonction de son âge, en général 3 à 4 semaines après la germination. Ce trait autoflorissant s’est développé comme mécanisme de survie dans des régions aux étés trop courts pour une floraison classique.

D’un point de vue chimique, le cannabis ruderalis pur contient très peu de THC, donc peu d’effets psychoactifs. En revanche, il présente souvent une teneur plus élevée en CBD, ce qui peut intéresser certains usagers à visée thérapeutique. Ses têtes sont petites et peu denses, parfois appelées « têtes popcorn », avec des rendements bien inférieurs aux variétés indica ou sativa.

Malgré ses limites, le ruderalis présente plusieurs avantages notables :

• Résistance naturelle aux nuisibles et aux maladies
• Tolérance aux variations de température et aux sols pauvres
• Cycle de vie court, permettant plusieurs récoltes par an dans de bonnes conditions

C’est pourquoi on ne cultive pas le ruderalis pur pour la consommation, mais ses gènes robustes en font un fondement indispensable pour les variétés autoflorissantes modernes.

Comment le ruderalis se distingue des autres types de cannabis

Si les variétés indica et sativa dominent les discussions sur le cannabis, le ruderalis se démarque comme le membre autonome et rustique de la famille. Sa petite taille, son cycle de floraison unique et son profil chimique en font une variété à part, aussi bien visuellement qu’en termes d’usage.

La principale distinction reste l’autofloraison, un trait génétique absent chez les indicas et sativas. Tandis que ces dernières nécessitent un changement de cycle lumineux pour déclencher la floraison, le ruderalis fleurit automatiquement, indépendamment de la lumière.

Physiquement, le ruderalis est bien plus petit, ce qui le rend moins adapté aux cultures commerciales destinées à la consommation. Sur le plan chimique, il est moins puissant, mais sa richesse en CBD et sa robustesse en font une base génétique essentielle pour développer des hybrides autoflorissants résistants.

Pourquoi le ruderalis n’est pas cultivé pour être fumé

Le ruderalis contient très peu de THC, ce qui le rend peu attractif pour ceux recherchant une véritable expérience psychoactive. En plus de sa faible puissance, sa petite taille et ses têtes peu denses entraînent des rendements modestes. Les fleurs sont légères et aérées, ce qui les rend moins intéressantes pour ceux qui recherchent des arômes riches, des saveurs complexes ou une forte production de résine.

Néanmoins, certains choisissent de fumer des têtes de ruderalis, mais la majorité des cultivateurs l’apprécie surtout pour son potentiel génétique.

Le ruderalis dans l’hybridation autoflorissante

Même si le ruderalis n’est pas cultivé pour être fumé, ses gènes sont à la base de toutes les variétés autoflorissantes modernes. Les sélectionneurs ont rapidement compris que son cycle de floraison basé sur le temps pouvait révolutionner la culture du cannabis, en éliminant le besoin de modifier les cycles lumineux ou d’utiliser des lampes artificielles.

En croisant le ruderalis avec des variétés indica ou sativa, les cultivateurs ont pu stabiliser le trait autoflorissant tout en améliorant la puissance, les arômes et les rendements. Résultat : une immense diversité d’hybrides autoflorissants, à la fois robustes comme le ruderalis, mais aussi puissants et complexes.

Les avantages d’utiliser le ruderalis en sélection sont nombreux :

• Cycles courts : certaines autoflorissantes se récoltent en 8 à 10 semaines
• Discrétion : les petites plantes sont idéales pour les cultures discrètes ou en espace réduit
• Résistance : une durabilité héritée qui favorise la croissance en conditions difficiles, face aux nuisibles et aux variations climatiques

Grâce à ces atouts, le cannabis ruderalis est passé du statut de « mauvaise herbe » à celui d’outil génétique incontournable. Sans lui, la révolution autoflorissante, qui a ouvert la culture à tous les profils de cultivateurs, n’aurait jamais vu le jour.

Le ruderalis est-il toujours pertinent aujourd’hui ?

En tant que pilier génétique des hybrides autoflorissants, le ruderalis continue d’influencer fortement la culture moderne du cannabis. Sans son trait unique d’autofloraison, les variétés rapides, discrètes et robustes que vous appréciez n’existeraient tout simplement pas.

Les gènes ruderalis devraient jouer un rôle central dans les futurs projets de sélection, qu’il s’agisse de développer des variétés plus résistantes ou d’enrichir les lignées riches en CBD. Ce cannabis sauvage et tenace continuera d’ouvrir des perspectives au-delà des frontières indica et sativa.

Pour les passionnés comme pour les petits cultivateurs, comprendre le ruderalis, c’est reconnaître son rôle discret mais fondamental dans l’histoire du cannabis. Même si vous ne fumerez probablement jamais une fleur 100 % ruderalis, ses gènes ont déjà largement influencé les variétés que vous aimez.

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